Message du préfet à l’adresse des Morbihannaises et Morbihannais.
Vannes, le 18 mars 2020
Chères Morbihannaises, Chers Morbihannais,
Je vous écris, certain que vous serez sensibles à cet appel, depuis vos foyers ou dans les services en première ligne face à cette épidémie. Le Président de la République s’est adressé, à deux reprises à la Nation. Son message est un message d’espoir, celui de l’unité d’un peuple dans le combat face à un ennemi invisible.
De tous les territoires de la République où le virus se propage, le Morbihan est encore un des plus touchés.
Pour autant, de tous les territoires de la République où des malades sont hospitalisés, le Morbihan est un des plus mobilisés depuis bientôt trois semaines. Je veux dire qu’il y a dans le moindre geste des soignants, des secours et de tous les services impliqués, une immensité d’héroïsme et de solidarité. Je n’oublie pas celles et ceux qui, au quotidien, se mobilisent dans la gestion interministérielle de cette crise sans précédent. Le peuple français en est le témoin reconnaissant.
Mais bien davantage encore, de tous les territoires de la République, le Morbihan doit aussi être en tout point exemplaire. Cette terre est l’héritière de valeurs nobles que sont tout à la fois le courage, l’ardeur et la persévérance dans l’effort. Ses savoir-faire, son dynamisme et ses fleurons agricoles, comme industriels, font de notre département un élément essentiel de l’économie de notre pays.
Si je vous écris cela, c’est parce que je sais d’expérience que les batailles se gagnent en première ligne, mais que c’est à l’arrière que se gagnent les guerres. Elles se jouent dans nos usines et nos bureaux, dans nos champs et nos bateaux, dans nos foyers et en nos cœurs. En d’autres termes, c’est l’abattement d’un peuple, de ses idées et de son économie qui détermine la victoire ou la défaite, bien plus que les troupes qu’il aligne.
Afin que notre société, nos entreprises restent debout, il est impératif, comme l’a précisé et répété le Président de la République que nous mettions en œuvre les gestes barrières, que nous limitions nos déplacements comme notre vie sociale. Il nous faut être réactif, inventif et ouvert à de nouvelles organisations, de nouvelles pratiques. Les pouvoirs publics sont lucides sur la nécessité d’adapter le cadre du travail : que ce soit en présentiel ou plus massivement encore, ainsi qu’y a incité le Président de la République, en télétravail. Les services de l’État vous accompagneront dans la pédagogie, dans l’empathie ; nous répondrons à vos questions.
Aussi, j’appelle tous les concitoyens qui pourraient poursuivre leur travail à s’y employer vigoureusement dans la mesure de leur possible et dans le respect des décisions du Président de la République et du Gouvernement.
Nous allons vaincre ce virus. Nous allons vaincre cette épidémie. Pourtant, cette victoire tactique risque être suivie d’une défaite stratégique si nous ne savons pas conjurer l’autre fléau qui nous menace : La pire récession du siècle.
C’est pourquoi notre économie ne doit pas s’arrêter. La continuité de chacun de ses maillons est vitale, par exemple, pour nos soignants et leurs infrastructures tous déjà très fortement mobilisés. Elle est vitale, aussi, pour nous tous qui sommes des consommateurs effrénés de services, de biens de consommation courante dont on a, bien trop souvent, oublié le caractère essentiel.
Les consignes présidentielles et gouvernementales impliquent certes de réduire les déplacements au strict minimum pour les individus, de restreindre la vie sociale à sa plus simple expression et de fermer certains commerces et secteurs d’activités.
Pour autant, la nécessaire prise de conscience de ces derniers jours, a conduit à ce que ces consignes soient surinterprétées. Un très grand nombre d’entreprises, dans des secteurs qui n’étaient visés ni par les interdictions, ni par les dispositifs de soutien des pouvoirs publics, ont fermé. Ce geste occasionne un danger certain à l’économie, à la chaine logistique, aux approvisionnements et à terme à la stabilité financière de tout le pays.
Aussi, à ce stade des consignes et de l’épidémie, afin que la continuité de l’économie du territoire soit assurée, je demande à toutes les entreprises susceptibles de poursuivre, même partiellement, leur activité, dans le respect du droit et des gestes barrières, de rouvrir. Les services de l’État vous accompagneront et répondront à vos questions, à vos attentes. C’est un geste de responsabilité et de discernement qu’elles doivent accomplir, pour elles mêmes et pour leur pays.
Albert Camus a écrit dans La Peste :
« Ce qui est naturel, c’est le microbe. Le reste, la santé, l’intégrité, la pureté, si vous voulez, c’est un effet de la volonté et d’une volonté qui ne doit jamais s’arrêter. »
Cette volonté, je sais qu’elle réside en chacun de vous. C’est ce fil dans la nuit que nous devons suivre et qui nous permettra, une fois encore, de sortir plus grands de cette crise.
En vous témoignant de ma confiance dans votre courage et de mes vœux de santé pour vous et vos proches. Je forme enfin des vœux de plus grands et durables solidarités.
Le préfet, Patrice Faure.
Publié par : redacteur_multimedia